"L'activité d'autopartage est définie par la mise en commun, au profit d'utilisateurs abonnés, d'une flotte de véhicules de transports terrestres à moteur. Chaque abonné peut accéder à un véhicule sans conducteur, pour le trajet de son choix et pour une durée limitée." (article 19 du projet de loi Grenelle 2)

29 juillet 2013

A Bordeaux, Bluecub et Autocool : complémentarité ou concurrence?

Course de vitesse pour les nouveaux services d'autopartage

Bordeaux, comme Lyon, expérimentera bientôt la mise en service du service d'autopartage à la mode Boloré. Mais alors que l'annonce du lancement du date de février dernier, ce n'est qu'en novembre que le service sera ouvert au public. C'est dire par contraste combien les autorités du Grand Lyon ont voulu aller vite et leur griller la politsse, pour bénéficier du maximum de visibilité: il est prévu chez nous le 10 octobre alors qu'il a été annoncé ultérieurement...

La relation Bluecub-Autocool à Bordeaux

La comparaison Lyon-Bordeaux est également instructive par la manière dont le service existant d'autopartage est pris en compte. Nous avons dénoncé, sur ce blog, le fait que Autolib' Lyon semblait sacrifié sur l'autel de la Bluely. A l'inverse, il semble qu'à Bordeaux, les autorités locales se préoccupent de construire une complémentarité. On lit ainsi, sur le site de la CUB (Communauté urbaine de Bordeaux) :
"Ce maillon supplémentaire dans la chaîne locale de la mobilité fonctionnera en complément du tramway, des bus, du BatCub, des VCub, mais aussi d'Autocool dont la Communauté urbaine souhaite préserver la spécificité."
Toutefois, Autocool, qui est une société privée snas lien avec la CUB, a été placée devant le fait accompli, et craint cette concurrence, tout en faisant mine de s'en accomoder, comme le rapporte le journaliste Olivier Razemon (L'opération commando d'Autolib à Bordeaux):
"Nous aurions aimé être informés", regrette Nicolas Guenro, directeur de la société coopérative. Les gages donnés par Bolloré et la CUB l'ont cependant rassuré. "Les services seront complémentaires, puisque Autolib' permet d'aller d'un point à un autre alors que nous proposons des locations en boucle, que nos clients empruntent pour une plus longue durée".

Une concurrence biaisée par les moyens d'un grand groupe industriel aux objectifs différents d'un service urbain

Certes, cette complémentarité existe. Mais ne peut-on craindre que la déstabilisation des prestataires classiques d'autopartage sur le segment de la courte durée ne pénalise aussi les autres composantes du service (moyenne durée, véhicules plus grands et adaptés à des usages plus variés)? Surtout que cette concurrence s'effectue à armes financières inégales, puisque Bolloré ne cherche pas la rentabilité de son service mais seulement à rendre ses voitures populaires pour en assurer une commercialisation plus large, comme le souligne, là encore, Olivier Razemon (idem) :
La division "Blue Solutions" de son groupe, qui comprend Autolib' ainsi que les activités de stockage d'énergie, demeure pour l'instant un gouffre financier. Si la société Bolloré affiche un chiffre d'affaires de 10 milliards d'euros et dégage 669 millions de bénéfices, la division 'Blue' présente un chiffre d'affaires de 215 millions qui se traduisent par 350 millions de pertes.

Un traitement égal par les communautés urbaines sur la question du stationnement?

Cela pose la question plus large de savoir si les autorités communautaires traitent ces différents services complémentaires-concurrents sur un pied d'égalité. Voici sous quel régime juridique fonctionnera le service à Bordeaux, et on peut supposer qu'il en va de même à Lyon (via la CUB) :
A la différence d'Autolib à Paris qui est encadré par une délégation de service public (DSP), il relève de l'initiative du groupe Bolloré. Il sera développé sur la base d'une Autorisation Temporaire d'Occupation (AOT) du domaine public, délivrée par la Cub, pour l'installation de bornes de recharge des véhicules électriques.
Les communes (Bordeaux, Bègles, Cenon, Mérignac, Pessac et Talence) sont de leur côté appelées à délivrer une AOT pour le stationnement.
On peut se demander si les prix de l'occupation de la voirie sont les mêmes pour Bluely et Autolib' à Lyon, et pour BlueCub et Autocool à Bordeaux.

2 commentaires:

Club events a dit…

Ce sont de très bonnes initiatives qu'ils faut absolument soutenir qu'elles soient privées ou publiques. Après c'est dommage lorsque ces organismes se tirent dans les pattes et devraient au contraire être complémentaire (voire avec des offres différentes). En tout cas, à être développer un peu partout !

La voiture autrement a dit…

Merci de votre intérêt pour l'objectif de ce blog. En effet, notre démarche n'est pas idéologique, pour ou contre les initiatives privées. Mais nous constatons que les autorités publiques locales, à Lyon en tout cas, semblent plus attirées par l'effet projecteur et marketting que l'arrivée d'un mastodonte du secteur comme Bolloré implique, alors qu'elles disposent depuis plusieurs années d'une structure locale à laquelle un soutien plus marqué, notamment en termes de com°, aurait permis un décollage plus net. Après, vous avez raison, les usages sont complémentaires. La question est de savoir si l'autopartege version oneway est un service "cologique" ou un concurrent des transports publics.