Gérard Collomb s’engage dans son
programme aux élections municipales à développer les modes doux. A l’heure où la France est menacée de
lourdes sanctions par l’Union Européenne pour manquements répétés à la mise en
place de politiques efficaces de réduction de la pollution de l’air aux
particules fines, il y a en effet urgence : Lyon est la troisième
agglomération de France la plus touchée par les pics de pollution. Pour cela,
Gérard Collomb incite notamment les électeurs à pratiquer « la voiture
autrement ».
Flashback. « La Voiture Autrement »
est le nom porté par l’association qui a lancé l’autopartage à Lyon, en 2003.
C’est elle qui avait rebaptisé ce service Autolib en 2007, avant donc que
Bertrand Delanoë ne choisisse ce même nom pour un service de véhicules
électriques en libre service dans la capitale. Autolib’ Lyon est géré depuis
2008 par la société d’économie mixte Lyon Parc Auto (dont la ville de Lyon et
le Grand Lyon sont co-administrateurs), qui lui a donné une formidable montée
en puissance : il propose aujourd’hui 89 véhicules dans 34 stations de
Lyon et Villeurbanne.
Comme toutes les formes
d’autopartage de ce type présentes dans beaucoup de pays et dans la plupart des
grandes villes françaises, Autolib’ Lyon permet de libérer de la voirie au
bénéfice des modes doux (une voiture en autopartage remplace en moyenne 9
voitures particulières) ; il favorise l’usage de ceux-ci et donc contribue
à l’amélioration de la qualité de l’air.
L’abonné réalise des économies substantielles, car il est libéré des frais liés
à l’achat, à l’entretien, au stationnement du véhicule, et le carburant est
inclus dans la tarification. Le service est très simple : l’abonné réserve
un véhicule 24 h sur 24, par téléphone ou internet, dans n’importe quelle
station du réseau, et choisit en fonction de ses besoins, une petite
« citadine », un gabarit familial (jusqu’à 7 places), un utilitaire,
voire un véhicule pour personne à
mobilité réduite. Le trajet est ensuite facturé en fonction de la distance
parcourue et du temps d’utilisation. Le service est donc parfaitement adapté à
des usages occasionnels de la voiture, lesquels sont effectués le plus souvent
en boucle à partir du point de départ, que celui-ci soit le domicile, ou le lieu
de travail, pour les abonnés professionnels. On ne perd donc jamais de temps à
chercher une place de parking.
En 2013, le groupe Bolloré a
diffusé ses voitures électriques en libre service à Lyon sous le terme de Bluely, et offre un service différent. Bluely
est fait pour des trajets courts, dans l’agglo, avec une ou deux personnes
à bord, et sans bagages. Les véhicules
diversifiés d’Autolib ‘Lyon peuvent répondre aux besoins d’un artisan,
d’une famille, pour des déplacements hors agglomération, acceptent les bagages
et même les sièges-auto. Face au véritable enjeu qu’est l’amélioration de la
qualité de l’air, les performances d’Autolib’ Lyon et de Bluely sont
différentes. Les études attestent qu’avec l’autopartage de type Autolib’Lyon,
en France et ailleurs, les utilisateurs abandonnent leur véhicule particulier,
et utilisent prioritairement les modes doux – et pas seulement pendant les
épisodes de pollution ! Rien ne dit qu’il en va de même pour ceux de Bluely
ou Autolib Paris. Il semblerait au contraire, que certains utilisent la voiture
électrique au lieu…des transports en commun, tout en conservant leur
voiture !
Ces deux services ne jouissent
pourtant pas des mêmes faveurs de la part du candidat Gérard Collomb. Celui-ci
présente des objectifs ambitieux pour Bluely (1000 véhicules à l’horizon 2020),
mais aucun pour Autolib’ Lyon. Monsieur Collomb, au lieu de proposer une heure
de Vélov’ gratuite en épisode d’alerte à la pollution (alors que l’exercice physique
en extérieur est déconseillé dans ces circonstances), proposez plutôt une offre
découverte pour Autolib’ Lyon, et présentez pour ce service de mobilité durable
des objectifs de développement à la hauteur des enjeux!
Pierre Le Goff, président de l'Association La Voiture Autrement
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